En France, on le sait, la notion de tourisme responsable n’est pas très claire, à la fois pour les professionnels du tourisme et pour le grand public. Entre concept de responsabilité sociétale dans les entreprises touristiques, stratégie de développement touristique de certains territoires et produits touristiques spécifiques, c’est un peu le flou… Mais qu’en est-il chez nos voisins européens ? Sont-ils sensibles à ces enjeux ? Quelle est leur vision du tourisme responsable ? A quoi sont-ils particulièrement sensibles ? Nous avons décidé d’analyser différentes études récentes issues de pays émetteurs européens afin de bien comprendre leur vision. Tour d’horizon !

 

Une montée de l’éco-scepticisme

De manière générale, on peut affirmer que l’ensemble des Européens s’accordent à dire qu’avoir une attitude “responsable” est aujourd’hui une nécessité. Or, ils sont finalement assez peu confiants en ce qui concerne les labels et les certifications. De même, on peut s’apercevoir aujourd’hui qu’il existe une montée de l’éco-scepticisme en Europe de l’Ouest pointant du doigt les labels, car étant considérés comme des “stratégies de marketing et communication ” de la part des opérateurs touristiques.

Une image variable

Dans ce cadre-là, l’image perçue du tourisme responsable varie d’un pays à l’autre. Alors que les Français trouvent l’offre chère (comme les produits bios) et difficile à trouver, les Hollandais pensent que c’est à eux de faire des efforts pendant les vacances, en particulier en triant les déchets sur les lieux de visite et dans les hébergements. Pour les Belges, il s’agit en particulier de participer à l’économie locale en achetant des produits locaux de terroir !

 

Une pratique du tourisme responsable différente selon les pays

Côté hébergement, on dénote une grande différence ! Les Hollandais affirment que l’hôtellerie de plein air est pour eux déjà un choix pour un tourisme responsable. C’est un véritable art de vivre selon eux. 65% privilégient ce type d’hébergement contre 15% en moyenne dans les autres pays. Pour les Français, le tourisme responsable se pratique principalement à la campagne et en particulier dans des résidences éco-gérées ou dans des chambres d’hôtes. Du côté des clientèles scandinaves, les hôtels éco-certifiés sont plébiscités. 63% des Scandinaves connaissent par exemple de manière spontanée le label Nordic Swan alors que les Français ne sont que 4% à pouvoir citer un nom de label éco-responsable du tourisme…

 

Et les activités ?

Côté activités, il existe également de vraies variations. Quand on parle de tourisme responsable, les Français et les Belges s’imaginent plus à découvrir et à rencontrer les populations locales. Pour les Français, il s’agit probablement de l’historique du tourisme responsable porté par les tour-opérateurs du tourisme d’aventure et du tourisme équitable et solidaire qui mettent « la rencontre au cœur du voyage ». Pour les Belges, il s’agit de leur propension à découvrir les cultures locales et leur gastronomie. Les Allemands et les Hollandais, ce sont les clientèles sportives fan de cyclotourisme ! Le chiffre d’affaires de ce secteur est deux fois plus important en Allemagne qu’en France et les Hollandais parcourent dix fois plus de kilomètres que les Français à vélo ! Enfin, côté scandinave, les activités de tourisme responsable sont très liées à la découverte et à l’immersion dans la nature. Les paysages naturels de Norvège, de Suède ou de Finlande ont ainsi façonné l’image des offres de tourisme responsable.

 

Et les certifications ?

Enfin, du côté des certifications, les clientèles scandinaves sont les plus sensibles et tendront plus volontiers vers des hébergements labellisés. Idem pour les Allemands qui seraient prêt à payer plus cher (de 5 à 10%) pour effectuer des vacances responsables. Ainsi, il faut bien comprendre qu’un prestataire qui communique sur ses engagements environnementaux auprès d’une clientèle allemande, nordique ou suisse devra présenter un engagement de haut niveau. En effet, proposer aux clients de garder sa serviette deux jours de suite ne saura les convaincre. Pour eux, ils ne comprendront pas qu’un établissement ne le propose pas ou que le tri sélectif ne soit pas disponible dans les chambres… Il faudra aller beaucoup plus loin dans l’engagement !

 

Un filtre intéressant pour tout le monde ?

Aujourd’hui, avec le label Ecoleader de Tripadvisor et la possibilité pour l’ensemble des clientèles de pouvoir filtrer uniquement les offres d’hébergements « Green », les choses pourraient évoluer avec une vision plus internationale de l’engagement environnemental des professionnels du tourisme et donc de la perception des clientèles.

En revanche, avec la crise économique, il s’agit aujourd’hui pour les professionnels de jouer un véritable rôle de prescripteurs en tourisme responsable afin de réussir à embarquer leurs clients dans cet engagement en matière de développement durable en le rendant original, intéressant et interactif et non pas moralisateur !

Benjamin Malaterre (sur Twitter) et Guillaume Cromer (sur Twitter)