Bon, désormais, le déconfinement commence à être dans toutes les têtes. Les plus courageux commencent à réserver leur hébergement pour l’été. Les hébergeurs se tirent les cheveux pour imaginer les règles de santé sanitaire et de distanciation sociale. Mais quid du transport et de la mobilité ? Pendant ce confinement, on a vu apparaître en Europe ou ailleurs, des propositions innovantes pour permettre une certaine mobilité dans les villes tout en respectant les nouvelles règles de distanciation sociale. Ces propositions ont donné une nouvelle place pour les déplacements à vélo.
Les choses seront-elles les mêmes cet été pendant les vacances, que ce soit à travers un boom de l’itinérance à vélo ou même pour améliorer la mobilité en local au sein même d’une destination. Le vélo sera-t-il la belle nouvelle de l’été dans les destinations face à la crise sanitaire ? Et si les destinations s’en saisissaient pour proposer des choses nouvelles sur le vélo ?
Sortez vos vélos et remontez en selle ! 😉
La politique allemande en faveur du vélo
Pour en apprendre un peu plus sur le sujet, il suffit de regarder ce qui se fait chez nos voisins allemands. En effet, depuis le début de la crise, les autorités allemandes encouragent la pratique du vélo. Les raisons ? Selon le Ministre de la santé et des virologues, c’est le meilleur moyen de se déplacer pour la santé et la distanciation. Le vélo permet d’éviter d’entrer en contact avec des surfaces contaminées (comme c’est le cas dans les transports en commun) et de maintenir les distances de sécurité. Michael Barczok, porte-parole de la fédération allemande des pneumologues affirme : « Le risque de contamination à vélo est quasi nul. ». Et pour maintenir la possibilité d’utiliser les vélos, les autorités allemandes ont décidé de considérer les ateliers de vélo (permettant l’achat et la réparation) comme des commerces de première nécessité.
Alors dans les rues de Berlin, l’appel est lancé ! Les panneaux électroniques affichent le message : « Aller au travail à vélo protège de la contamination. ». Au-delà, d’être une façon de s’adapter à la crise, cela peut également être un engagement pour une transition écologique à plus long terme. L’ADFC (l’association allemande des utilisateurs de vélo) estime qu’un tiers de ceux s’étant mis au vélo pendant la crise continueront à l’utiliser après. Burghard Stock, l’un des membres de cette association déclare :
«Cela représente un grand potentiel pour établir de nouvelles routines de mobilité et soulager les villes des trajets inutiles en voiture ».
Le regain du vélo en milieu urbain
En France, après avoir bénéficié d’un flou quant à son utilisation, la pratique du vélo a été encadrée depuis le 23 mars par un décret. Ainsi, la pratique du vélo est autorisée comme « moyen de déplacement » dans les conditions dérogatoire de déplacement. Mais elle est n’est pas recommandé comme « activité physique » car elle pousserait à dépasser la limite kilométrique autorisée. Cependant, à partir du 11 mai la pratique du vélo ne devrait plus poser de problème, sans pour autant que les autorités françaises lancent d’appel comme en Allemagne.
Bon, heureusement, ça bouge quand même un peu en France ! En milieu urbain, le confinement a permis la réduction de 60 à 90% du trafic urbain, libérant beaucoup de place pour les modes actifs. L’Etat, à travers la Ministre de la Transition écologique et plusieurs collectivités territoriales se saisissent de cet opportunité pour développer la place du vélo en ville. Et pour cela, ils veulent inciter les initiatives pour l’aménagement temporaires de voies cyclables. Bien dommage que ce soit seulement temporaire… Mais au moins ils ont compris qu’il fallait inciter les citadins à utiliser des modes de déplacement doux, plutôt que la voiture, face à la peur des conditions sanitaires dans les transports en communs.
Alors à ce sujet, le Cerema a organisé un webséminaire le 22 avril pour étudier les opportunités d’aménagement cyclable temporaire. Ils se sont appuyés sur ce qui se fait dans d’autres métropoles (Berlin, Bogota, ou encore Oakland) pour développer différentes solutions. Elles sont, selon eux, simple et rapide à mettre en place tout en respect le cadre juridique. Et cela semble convaincre plusieurs métropoles qui souhaitent le mettre en place dès le 11 mai ! Il ne reste plus qu’à espérer que ces initiatives se pérennisent et que le trafic routier ne revienne pas comme avant la crise.
La naissance des « slow streets » aux Etats-Unis
En Californie du Nord, à Okland, puis à San Francisco, l’idée de « slow street » a fait son apparition. Bien loin de la culture de la voiture caractéristique de l’urbanisme américain, l’idée est de réserver des rues à la déambulation piétonne, cycliste, et autres modes doux. La raison première n’est pas écologique, mais une réponse à la crise sanitaire. C’est pour permettre aux citadins de se promener sans se croiser de trop près et aux cyclistes de se déplacer sans craindre d’être renversés. Ainsi, à Oakland c’est un plan de 110 km de rues (soit 10% de la voirie) qui a été mis en place. A San Francisco c’est un tracé de 20 km qui est prévu.
Mais les « slow streets » ne sont-elles pas ce que nous connaissons sous le terme de rues piétonnes en Europe ? Sur le papier, la différence semble assez faible. Mais dans le contexte de l’urbanisme américain, c’est une petite révolution. Et une différence existe belle et bien ! Les rues piétonnes européennes se sont développées pour favoriser la consommation dans les commerces alors que les « slow streets » sont pensées pour la déambulation et le déplacement. Leur implantation dans le tissu urbain est parlante. Elles ne sont pas dans les centres, mais bien dans les zones résidentielles loin des commerces.
Une inspiration pour le tourisme ?
Mais alors le tourisme ne peut-il pas lui aussi remonter en selle ? Il nous semble que oui !
Les transports en commun ne rassurant pas les voyageurs, ne faudrait-il pas communiquer sur la sécurité des déplacements en vélo, également dans le cadre du tourisme. Cela nous parait essentiel pour ne pas laisser les personnes se tourner vers la voiture. Ainsi, les innovations de mobilités urbaines et d’urbanismes tactiques sont aussi des opportunités pour le tourisme. Des villes comme Lyon, Paris ou bien d’autres, peuvent s’appuyer sur ces aménagements pour développer des expériences à vélo. Booster des visites ou balades à vélo dans les destinations urbaines seront des atouts pour cet été que ce soient pour les habitants ou les touristes.
Mais le vélo ne présente pas seulement des intérêts pour les destinations urbaines. Toutes les destinations, balnéaires, rurales, ou autres, peuvent développer la mise à disposition de vélos en lien avec les loueurs du territoire. Cela permettrait d’inciter les visiteurs à laisser leur voiture sur leur lieu de résidence. Et, favoriser les vacances à vélo, c’est aussi synonyme de moindre déplacements, de prendre le temps pour la découverte de notre région et de favoriser les professionnels du tourisme locaux.
Le vélo, l’itinérance, le local, voilà des mots bien plus doux que la voiture !
D’autant que l’Etat semble enfin se positionner en débloquant une aide 20 millions d’euros pour favoriser l’utilisation du vélo. Cette somme aidera les villes et départements à développer des aménagements temporaires. Mais elle bénéficiera également aux usagers sous la forme d’un forfait de 50 euros pour faire réparer son vélo d’occasion. Elle permettra aussi de financer des formations pour celles et ceux qui souhaitent apprendre à en faire. Alors plus d’excuses, tout le monde peut s’y remettre ! 😉