Le changement climatique : Où en est-on ?

Le changement existe bel et bien et personne n’ignore aujourd’hui ses conséquences. Les canicules en été, les hivers sans neige, chaque année nous sommes davantage surpris par la disparition progressive des saisons. Mais cela est bien évidemment, sans mauvais jeu de mots, que la partie émergée de l’iceberg.  La hausse du niveau des mers, causée par le recul rapide des calottes glaciaires continentales, insécurité alimentaire, déplacements de populations et réfugiés climatiques… sont autant de conséquences dues au réchauffement de la planète.

Une incidence au delà de l’environnement

Mais ce n’est pas tout, le changement climatique affecte également l’économie, la géographie, la géopolitique, la santé, l’agriculture…. Dans le rapport Stern de 2006, l’évaluation globale des coûts potentiels du changement climatique était estimée à hauteur de 5.500 milliards d’euros.

Le changement climatique est la résultante d’un réchauffement global de la planète.

L’effet de serre est d’origine naturelle, les gaz à effet de serre (GES) captent et retiennent la chaleur permettant à la planète Terre d’être un environnement accueillant pour toute forme de vie. L’effet de serre, c’est bien mais à petite dose! L’accumulation des GES (le CO2 en priorité)  accélère le phénomène. Le GIEC (Groupe d’expert Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) prévoit en effet une augmentation des températures de 0,3 à 4,8 degrés Celsius d’ici la fin du siècle.

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Impact, Adaptation et Vulnérabilité

Leur dernier rapport « Impact, Adaptation et Vulnérabilité », paru le 31 mars dernier, confirme que 50% des évolutions climatiques récentes est l’œuvre de l’activité humaine.

Le bilan établi est plus que préoccupant. Le GIEC insiste sur le caractère urgent de la situation, les experts estiment que les victimes les plus gravement touchées seront les populations du Sud. «La probabilité d’impacts graves, étendus et irréversibles s’accroît avec l’intensification du réchauffement», c’est pourquoi les scientifiques misent au maximum sur l’adaptation et la capacité de l’Homme à habiter la planète différemment. Les experts insistent sur le fait que l’inaction ne ferait qu’aggraver les choses. « Tous les aspects de la sécurité alimentaire seront potentiellement affectés ».  Le changement climatique va  « ralentir la croissance,  […] créer de nouvelles poches de pauvreté ».

Les solutions ?

Les solutions préconisées par le rapport sont les suivantes : amélioration des systèmes d’alerte, des abris pour les cyclones et les tsunamis, amélioration des moyens de stockage d’eau, des techniques d’irrigation, création de nouvelles pratiques agricoles, en bref, prendre les devants et anticiper cette mutation.

Lutter contre la déforestation : limiter les émissions de GES

Les postes les plus émetteurs de GES sont aujourd’hui la combustion énergétique, l’industrie, l’agriculture et la déforestation.

La déforestation contribue à 25% des émissions de GES, c’est pourquoi il est primordial de lutter contre ce fléau, dont les conséquences catastrophiques sont noyées dans un méandre du profit et de la corruption. La déforestation est une catastrophe écologique : l’abattage des arbres permet la libération dans l’atmosphère du C02 qu’ils avaient jusqu’alors stockés.

Une catastrophe sanitaire : une personne vivant dans une zone déboisée a plus de risque de contracter des maladies comme le paludisme. Pour finir une catastrophe humaine : une personne sur 6 dépend de la forêt pour sa subsistance. C’est pourquoi lutter contre la déforestation serait un excellent début pour non seulement réduire nos émissions mais aussi protéger la biodiversité et les populations forestières.

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Peu de solutions véritablement convaincantes…

Malheureusement, dans l’état actuel des choses, les possibilités de réduction d’émission des GES restent peu nombreuses. En effet, le problème n’est pas si simple : la demande en énergies fossiles ne cesse d’augmenter inexorablement. Il est donc compliqué de réduire nos émissions originaires de celles-ci. Notre dépendance à la contrainte carbone est vivement critiquée, notamment par Jean Marc Jancovici. Ce dernier préside The Shift Project, dont la mission est de proposer des solutions visant à se débarrasser de cette dépendance. Selon Jean Marc Jancovici, au jour d’aujourd’hui, la seule énergie assez mature, pour nous permettre de subsister, et de limiter le réchauffement climatique est l’énergie nucléaire, car peu émettrice de CO2. Un débat qui, bien entendu déchaine les passions des militants anti-nucléaire.

Depuis 2005, il existe en Europe le Système Communautaire d’Echange de Quotas d’Emission plus communément appelé «Marché du Carbone» qui est «un système de droit d’échange sous forme de crédits carbone et de quotas carbones».

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Il existe deux marchés du carbone, le marché réglementé et le marché volontaire.

Le marché réglementé, issu du protocole de Kyoto, oblige les Etats industrialisés et les grandes entreprises émettrices (sauf le transport aérien) à ne pas émettre de CO2 au-delà d’un certain plafond. Si, en fin d’année, le plafond est dépassé, l’entité doit acheter des crédits carbones à un autre gros émetteur, qui lui, aura moins pollué, soit investir dans un projet de réduction de CO2.

Ce système est considéré comme défaillant et fait débat, dans la mesure où il peut être décrit comme un business qui octroie le droit de polluer à ceux qui ont les moyens de se le permettre.

Le marché volontaire intéresse les entreprises et les particuliers qui ne sont pas concernés par la réglementation. La compensation volontaire découle de ce marché. Chacun calcule son bilan carbone et achète par la suite des crédits carbone (de la même manière que pour le marché réglementé). La compensation, elle aussi, attire les foudres des experts.  Jean Marc Jancovici la qualifie «d’indulgence des temps modernes», un moyen de s’acheter une bonne conscience. En effet, la compensation carbone, permet d’adopter des éco-gestes et de soutenir des projets allant dans ce sens. Cela dit, les projets peuvent parfois être accusés de manque de transparence. Il ne faut pas se leurrer. Pour certains, la compensation carbone ne peut être considérée que pour sa valeur marketing. En outre, d’autres pourraient y voir l’opportunité de polluer davantage compte tenu du prix dérisoire du carbone (environ 5€ au 15 avril 2014)

Et le tourisme dans tout ça ?

Le secteur du tourisme à une double relation avec le changement climatique. Primo, il y participe via le secteur aérien principalement, qui est à l’origine d’environ 5% des émissions de GES. Secundo, il en subit directement les conséquences par la modification en profondeur des destinations avec lesquelles il collabore. Par conséquent, compte tenu de son implication, le secteur du tourisme a un rôle à jouer !

Le trafic aérien

Le problème est que le trafic aérien n’est pas prêt de s’arrêter (croissance de près de 5% par an prévue). Plus grave encore, les vols long-courriers se retrouvent depuis peu exemptés de la taxe carbone en Europe. Les raisons évoquées étant la pression sur les prix toujours à la baisse face à la Chine.

Il n’est clairement pas possible de supprimer les trajets aériens. On commence à parler de l’avion solaire qui peut être révolutionnera le secteur du tourisme, mais nous n’en sommes qu’au stade du prototype ou encore les projets fous d’Elon Musk, le fondateur de Paypal, comme Hyperloop.

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En attendant, les professionnels du tourisme se doivent de trouver des solutions. Voici quelques exemples de professionnels engagés.

Echo de La Terre donne l’opportunité à ses clients de créer des séjours « 0 carbone », ayant le plus faible impact possible. L’idée est intéressante. Malheureusement, les touristes ne sont pas encore prêts à sacrifier leur confort ou de modifier leur voyage pour des raisons environnementales.

 Le groupe Accor, quant à lui s’est associé à Pur Projet, une initiative de Tristan Lecomte, fondateur d’Alter Eco. L’argent économisé par le groupe résultant des efforts environnementaux des différents établissements est ainsi reversé à ce programme de reforestation et de recréation d’écosystème intégré dans les pays.

Du côté des particuliers, il est clair que la compensation volontaire ne fonctionne pas, c’est pourquoi Voyageurs du Monde a opté pour la compensation systématique (1 € par passager sur les vols vers l’Europe et le Maroc, et 5 € sur les longs courriers). Reversées à la Fondation Insolites Bâtisseurs, ces sommes sont réinvesties dans différents projets de reforestation à travers la planète comme par exemple la reforestation de 10.000 hectares de mangroves au Sénégal.

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Toutefois, la « solution reforestation », bien que mise en œuvre avec des intentions tout à fait louable, est à étudier avec précaution. Elle n’est efficace qu’à très grande échelle et/ou intégré à un véritable écosystème qui intègre également les communautés locales et les agriculteurs. De ce fait, elle peut parfois être un véritable échec environnemental. Ou simplement du greenwashing. Thomas Cook France proposait en 2009 de planter des arbres pendant 15 jours en partenariat avec Planète Urgence. Ce genre d’engagement ne peut être pris à la légère et considéré dans le cadre d’une « vente flash », il doit l’être dans la durée ! D’autre part, en 2005, la compagnie British Airways avait décidé de compenser ses émissions carbone, seulement les arbres ne stockeront le C02 que dans 100 ans. Air France a même été nominé dans le cadre des Trophées Pinocchio du développement durable en finançant PHCF, un projet de lutte contre la déforestation à Madagascar, mis en œuvre par Good Planet et WWF Madagascar. Le projet confisquait les terres des villageois pour planter des arbres…

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C’est pourquoi au lieu de reforester, mieux vaut prendre le problème à la racine et soutenir des projets de lutte contre la déforestation !  Et pourquoi pas, par le biais de Carrotmob, et ainsi créer des sessions auprès des grandes entreprises ou communautés locales qui déforestent en les incitant à préserver leurs environnement !

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Carrotmob

De notre côté,  nous avons pris la décision de compenser nos déplacements professionnels chaque année. C’est ainsi qu’ID-Tourism a financé un programme de restauration écologique intégré en parrainant 105 arbres pour 8 tonnes de carbone compensés et 10 000 pesos dans les forêts de nuage du Nord via le projet Pro Natura Vera Cruz au Mexique.

Célia TROCHON (suivre sur Twitter)