Ces derniers mois ont profondément bouleversé nos sociétés. Au contexte de crise écologique s’est ajoutée une crise sanitaire d’une ampleur mondiale. Elle va aussi s’accompagner d’une crise économique et sociale dans les prochains mois. Même si cette période peut apparaitre comme anxiogène, elle a également été marquée par des réflexions, des prises de conscience et des débats essentiels, qui, nous l’espérons, perdureront !

La vague verte aux récentes élections municipales nous rend quelque peu optimistes quant à l’avenir ! La prise de conscience d’une partie de la population française sur les enjeux écologiques et de durabilité semble de plus en plus importante. Il faut maintenant que le politique s’en saisisse ! L’opportunité offerte par les élections, notamment dans les métropoles, présente un grand potentiel. Nous souhaitons ici vous apporter notre regard sur les grands enjeux du tourisme urbain durable dans les mois et les années qui se profilent.

Un besoin de vert et de nature

Le contexte de la crise sanitaire a eu des conséquences multiples dans la société. Certaines vont indéniablement toucher le domaine du tourisme urbain. D’une part, cette période a permis un bond en avant de la sensibilité écologique et une prise de conscience environnementale. Par exemple, une étude Greenflex et YouGov met en avant que 1 Français sur 10 s’est engagé pendant la crise en changeant ses habitudes de consommation alors que c’était seulement une intention avant cette période. L’étude montre que la période du confinement a mis en avant le rôle central du local (circuit court, relocalisation de l’économie, etc).

Selon l’Observatoire des perspectives utopiques reconduit cette année par l’Obsoco avec le soutien de l’ADEME, l’utopie écologiste l’emporte largement sur les autres avec 55% des suffrages. Dans les années 2000, c’était l’utopie sécuritaire, et celle liée à la technologie qui étaient majoritaires.

Le tourisme urbain en mauvais posture ?

Cependant, cette crise sanitaire a également fait mauvaise presse à la ville. Une partie des citoyens s’est retrouvée confiné dans des logements exigus en milieu urbain dense. Passé le confinement, ils cherchent aujourd’hui à échapper aux nuisances urbaines, aux épisodes caniculaires, pour retrouver des territoires oxygénés et protégés. Face à cela, le tourisme urbain doit se réorganiser pour faire face à la concurrence accrue des destinations.

Nous voyons que cet été la montagne et la campagne sont en augmentation dans les intentions de départ des Français. Une étude menée par Auvergne Rhône-Alpes Tourisme en juin 2020 montre que près d’un tiers des Français souhaite se rendre à la campagne. La montagne présente 13% des intentions de départ. Ces deux destinations restent loin derrière le littoral (près de la moitié) mais bien devant les destinations urbaines (seulement 6%).

Le tourisme urbain doit répondre à des demandes et des attentes qui peuvent paraître comme paradoxales pour des villes, mais ce sera nécessaire pour retrouver l’attractivité des destinations urbaines. De profonds changements sont donc nécessaires et vont devoir concerner différents secteurs d’intervention.

 

Les apports de Convention Citoyenne pour le Climat sur le tourisme urbain

Mais la question persistance est toujours où et comment agir ?

La lecture de la Convention Citoyenne pour le climat peut apporter des premiers éléments de transformations nationales souhaités par les citoyens. Par ailleurs, un collectif de maires écologiques a publié une tribune dans Le Monde afin d’appeler l’Etat à leur donner les moyens d’appliquer les propositions de cette Convention en local.

Même si le tourisme n’est pas un axe de travail en soi de cette convention. La transversalité du domaine du tourisme, fait qu’il n’échapperait pas (et heureusement) à certaines mesures. Tout d’abord, concernant la mobilité, leur objectif serait de rendre le train financièrement plus intéressant en comparaison à la voiture individuelle. Pour cela, ils voudraient réduire la TVA sur les billets de train. Ceci engendrait un nouvel attrait pour les villes. En effet, la réduction des voitures en ville permettrait une réduction de la pollution et des nuisances sonores et donc un confort plus important pour les habitants, comme les touristes.

A cela s’ajoute des mesures concernant le trafic aérien. Ils souhaitent une éco-contribution kilométrique renforcée. Ils veulent aussi la fin du trafic aérien sur les vols intérieurs si une alternative bas carbone existe (c’est-à-dire sur les trajets de moins de 4h). Toutes ces mesures tendent à redéfinir les manières de voyager dans le futur. La volonté est de tendre vers une réduction des kilomètres parcourus, notamment pour les courts séjours! D’autres mesures ont également pour objectif de faciliter au maximum les mobilités pour les utilisateurs. Les touristes font bien sûr partie de ceux-ci. La création de solution de MaaS (Mobility as a Service) à l’échelle des régions ou des intercommunalités pourrait alors avoir des effets bénéfiques !

 

Ne pas cantonner le tourisme urbain durable à la mobilité

Outre la mobilité, d’autres mesures pourraient avoir des conséquences sur le tourisme, notamment urbain.  Par exemple, la rénovation énergétique des bâtiments, dont ceux touristiques, sont une des mesures que les collectivités doivent accompagner et favoriser. Sur le plan alimentaire, le développement en priorité des circuits courts ne pourra être pensé sans la participation active des restaurateurs. Aujourd’hui, l’offre de circuits courts dans la restauration se cantonne au haut de gamme ou à quelques concepts store. Mais comment faire pour transformer la restauration individuelle vers un modèle où les circuits courts et les fournisseurs sont réellement valorisés ? Le sujet n’est pas évident, mais toute une nouvelle génération de chefs présente cette sensibilité et s’appuyer sur eux peut être un levier important !

L’ensemble de ces mesures montre une volonté de développer un tourisme plus durable, responsable et de proximité. Ces questions prennent une importance cruciale, notamment pour les touristiques eux-mêmes. Ils sont de plus en plus nombreux à prendre en compte des critères écologiques et écoresponsables dans leurs choix de destinations, d’hébergements, de restaurations…

Les villes et métropoles en ont conscience ! Elles cherchent alors à se positionner sur ces questions de durabilités. Nous avons pu voir que des mesures concernant le tourisme urbain durable étaient inscrites dans les programmes politiques des candidats à l’élection municipale. A Strasbourg, il était ainsi noté :

« Promouvoir un tourisme responsable et de proximité, avec une offre conviviale, familiale et durable, à la découverte des musées, des parcs et de la gastronomie, à pied et à vélo. ».

A Bordeaux, ce sont plusieurs mesures qui étaient mises en avant :

« Accompagner l’économie du tourisme vers une transition écologique »

« Plus respectueux de l’environnement »

« Davantage ciblé sur la clientèle de proximité »

« Plus solidaire avec les territoires limitrophes »

 

Le tourisme urbain durable, c’est politique !

L’enjeu est maintenant de traduire cette prise de position en actions opérationnelles à mettre en œuvre dans les années qui arrivent. Le tourisme durable n’est pas un simple segment du marché touristique. C’est avant tout politique! Aujourd’hui, le tourisme est une industrie soutenue par une vision autour de la croissance et du libéralisme. Demain, il doit être porté par une transition autour de la sobriété carbone. Pour ce faire, il faudra des engagements forts et assumer le fait que la croissance ne va pas perdurer. Nous ne sommes plus dans les 30 Glorieuses! Ce sont les choix politiques qui seront fait dans les prochaines années qui modifieront les manières de consommer des voyageurs.

Dans cette optique, l’association des Acteurs du Tourisme Durable, a publié un manifeste pour un plan de transformation du tourisme français. ATD, présidée par Guillaume depuis 6 ans, réunit 140 professionnels ou structures engagés dans le tourisme durable.  Le manifeste met en avant les grandes lignes prioritaires dans cette vision de transformation du tourisme français. Il se déploie autour de 4 grandes thématiques : sobriété carbone et préservation environnementale, entraide, solidarité et justice sociale, retombés économiques locales, et enfin, tourisme de sens. Le tourisme urbain ne doit pas échapper à ces grandes transformations !

L’engagement d’OnlyLyon

Avec le cabinet d’ingénierie touristique, ID-Tourisme, nous accompagnons des collectivités territoriales, mais aussi des structures privées. Nous les aidons dans la mise en place de stratégies de développement touristique, de plans marketing, ou encore de benchmarks de bonnes pratiques inspirantes. Le tourisme durable est au cœur de toutes nos réflexions et de nos positionnements. Actuellement, nous accompagnons OnlyLyon, l’agence d’attractivité de la destination lyonnaise. Ils souhaitent mettre en place une réelle stratégie de tourisme durable. En effet, en 2019, Lyon a été couronnée du titre « European Capital of Smart Tourism ». Ils ont également décidé de rejoindre le classement GDS-Index (Global Destination Sustainability Index) et ont glané la première place française dès leur première année.

Le GDS-index est un programme d’analyse et d’amélioration de la durabilité des destinations du monde entier. Il intègre les 17 objectifs de développement durable de l’ONU. Ce programme se concentre particulièrement sur le tourisme d’affaires. Aujourd’hui, plus de 50 villes à travers le monde sont engagés dans ce programme. Dès la première année, la destination lyonnaise est arrivée autour de la 30e position, avec 55% des critères remplis. Ce résultat est encourageant pour la ville ! D’autant plus qu’elle s’est hissée devant les deux autres destinations françaises engagées, Nantes et Bordeaux. Il a aussi permis d’impulser une réelle réflexion autour de la stratégie et du plan d’action pour atteindre de meilleurs résultats dans les prochaines années.

Un manque d’engagement des destinations françaises sur le tourisme urbain durable…

Le GDS Index est un des classements et outils de stratégie durable existant aujourd’hui et reconnu mondialement. Il existe d’autre part des labels comme le GSTC (Global Sustainable Tourism Council), l’ETIS (European Tourism Indicator System), Green Destination, ou encore Green Globe. Mais parmi tous ces labels et certifications, qui ont chacun leur spécificité, nous pouvons noter la faible présence des différentes destinations Françaises.

Pour autant à l’instar de Lyon, Bordeaux ou Nantes, déjà présents dans le GDS-Index présente, d’ores et déjà, des avantages certains. D’autres villes, comme Strasbourg, pas encore engagé, peuvent aussi s’appuyer sur un potentiel présent. Avec 300 km de voies cyclables Strasbourg est la première ville cyclable de France. Elle est aussi la deuxième ville française présentant le plus important « patrimoine vert » accessible au public. Ces éléments sont des atouts à mettre en valeur pour attirer des touristiques de plus en plus sensibles.

Pour l’ensemble des villes et métropoles, il convient maintenant de présenter de vraies ambitions,  et de mettre en place des stratégies innovantes et durables, afin de pousser la visibilité de destinations françaises sur ces classements, dont les enjeux seront grandissants dans le futur.