Les débuts d’année sont toujours propices au bilan de l’année écoulée et/ou aux perspectives à donner pour l’année à venir. 2018 ne fait pas exception. Pour ID-Tourism également, il s’agit de regarder derrière moi et de faire le point sur le chemin accompli, 6 ans après la reprise en gérance du cabinet. Quand Xavier Bonnel m’a proposé de reprendre le cabinet à la fin de l’année 2011, j’étais à la fois excité de cette nouvelle aventure entrepreneuriale et un peu flippé de me retrouver là, à 29 ans. Depuis ce jour, j’ai beaucoup appris (et j’apprendrais encore longtemps) sur le métier de l’ingénierie touristique. J’ai rencontré de nombreuses personnes qui m’ont nourries intellectuellement. J’ai aussi vu les faiblesses de ce secteur face à la révolution numérique et j’ai tâché d’y répondre avec une forte présence en ligne.

Or, depuis la fin de mes études en 2006, j’ai toujours voulu faire ce métier pour changer les choses, de manière positive. Intégrer les enjeux du développement durable dans l’industrie du tourisme est juste une question de bon sens. Le tourisme, les voyages peuvent apporter tellement à la fois au voyageur et à l’hôte qui le reçoit si la rencontre est équitable à tous les niveaux. Apporter ma pierre à l’édifice de ce monde rêvé est comme une mission. C’est pour cela que le métier du conseil et de l’ingénierie me semblait le plus approprié.

 

 

Et c’est pour cette raison que j’ai vite compris qu’il ne fallait pas garder cette ingénierie pour soi-même, il fallait la partager au plus grand nombre afin de faire passer les bons messages, de pousser les élus, les techniciens des offices de tourisme et autre organisation de gestion des destinations, les socio-professionnels de tous les métiers à améliorer les pratiques au service d’un tourisme plus durable. Pour cela, Internet est un trésor. On peut tout partager, donner son opinion, diffuser articles et vidéos sur les réseaux sociaux. C’était une évidence de m’engager totalement dans cette voie, celle de l’open source. Si l’objectif du consultant est simplement pécuniaire, sa richesse réside dans sa matière grise et dans son réseau. Pour moi, l’objectif va au-delà. Je suis un connecteur, un animateur, un inspirateur peut-être, un homme qui murmurait à l’oreille des décideurs. L’objectif est de trouver la meilleure expertise pour accompagner un professionnel. L’objectif est de changer les choses en bien, en mieux.

Dans cette vision-là, l’open source est une philosophie de la vie. A l’heure où le débat de l’accès à l’Internet libre est remis en cause aux Etats-Unis, il s’agit pour moi de clamer haut et fort l’importance de l’accès libre aux informations, à l’intelligence collective et au partage. C’est de cette manière que nous arriverons à développer des coopérations, à répandre les bonnes pratiques, les idées innovantes, les messages positifs.

 

 

Dernièrement, je tombais sur « The Internet’s Own Boy », film sur Youtube dédié à la vie d’Aaron Swartz, cet informaticien que l’on disait de génie, hackeur & hacktiviste, à l’origine du format de flux RSS et co-inventeur des licences Creative Commons. Il s’est suicidé à 26 ans alors qu’il était son le coup d’un procès face au MIT et au gouvernement américain. Dans Le Manifeste pour une guérilla en faveur du libre accès qu’il écrivait en 2008 à l’âge de 21 ans, il disait : « Il nous faut nous emparer du savoir, où qu’il soit, effectuer des copies et les partager avec le reste du monde. Nous devons saisir des documents qui ne sont plus protégés par copyright et les ajouter à notre fonds d’archives. Nous devons acheter des bases de données piratées pour les mettre sur le Web. Nous devons télécharger des magazines scientifiques et les mettre à disposition pour téléchargement dans des réseaux de partage de fichiers. Nous devons lancer une guérilla en faveur du libre accès. »

 

Lawrence Lessig & Aaron Swartz, collaborant sur Creative Commons

Ce documentaire m’a beaucoup marqué et je me suis retrouvé largement dans la philosophie, dans les réflexions sur notre monde. A mon échelle, afin de pousser à améliorer les choses dans le tourisme, je continuerais en 2018 à porter les messages autour d’un tourisme durable afin d’impliquer les décideurs du monde du tourisme que ce soit l’entrepreneur, le start-upper incubé au Welcome City Lab, le président d’un Parc naturel régional ou d’une communauté de communes, Christian Mantéi à Atout France ou encore Jean-Baptiste Lemoyne, notre Secrétaire d’Etat en charge du tourisme (on se voit le 19 janvier prochain !). Ces valeurs continueront à être portés à la fois avec ID-Tourism mais aussi avec l’association Acteurs du Tourisme Durable qui regroupe maintenant plus de 150 professionnels engagés et un centre de ressources crowdsourçant et partageant les bonnes pratiques en matière de développement durable du tourisme.

 

 

Mais alors, et l’ingénierie porté par Atout France, pourquoi n’est-elle pas en open source ? N’est-ce pas bizarre au fond que les études soient payantes alors que l’objectif est bien de soutenir les professionnels ? Si l’objectif est d’atteindre les 100 millions de touristes en France et d’améliorer les recettes du tourisme dans notre pays, ne faudrait-il pas partager largement cet ingénierie et nourrir intellectuellement l’ensemble des socio-professionnels, l’ensemble de ces TPE / PME, qui forment la matière première de notre attractivité ?

 

 

De notre côté, nous continuerons à partager nos réflexions, nos idées, nos modèles nos supports, nos études pour tous. Ne vous inquiétez pas pour notre modèle économique, nous continuerons à innover, à développer de nouveaux modèles à faire de la veille sur ce qui se passe ici et là dans le monde du tourisme pour toujours mieux vous accompagner et vous aider à anticiper les révolutions à venir !

 

Meilleurs vœux à tous pour 2018. Je vous souhaite de belles réussites dans tous les projets que vous entreprendrez !

 

Guillaume Cromer, directeur ID-Tourism