En pleines fêtes de fin d’année et d’abondance à toutes les échelles (dans les cadeaux, dans la nourriture, dans les bouteilles d’alcool… dans les maux d’estomac et de gueules de bois…), j’ai envie de revenir sur la question du « Toujours + » dont je parlais il y a quelques semaines dans cet épisode d’ID-TALKS sur Youtube à propos de la volonté des destinations de rechercher toujours plus de croissance touristique et non pas de rechercher une meilleure performance touristique en intégrant les enjeux du développement durable.

Toujours plus… C’était aussi le sujet d’une émission récente sur France Inter où l’on parlait de l’hyperbole des émotions & des expériences. Je ne me souviens pas de toute l’émission et de ce qui était dit mais un invité ou chroniqueur expliquait que la société actuelle poussait toujours les gens à chercher plus… + d’émotions, + d’expériences, que ce soit dans les relations humaines, dans les preuves d’amour, dans les expériences à vivre… Phénomène Instagram ? Est-ce parce que l’on met en scène nos vies que l’on se doit de pas paraître trop… banale, moyen, simple ? Les nouvelles obligations du webmarketing poussent ainsi tout un chacun à présenter sa vie de manière extra-ordinaire. Et qui dit nos vies dit forcément les offres qui nous sont proposées par les entreprises et les destinations touristiques.

On doit donc promettre aux voyageurs dans l’âme des expériences uniques même si ces dernières sont relativement simples. On réinvente au final des concepts qui paraissent génialissime pour mieux les instagrammer. C’était un peu la vision de Cedric de @FromYukon dans la réponse à mon tweet où je présenterais mon récent article sur les microaventures. Alastair a-t-il réellement « inventé » le concept des micro-aventures ou a-t-il simplement mis en lumière un concept sociétal actuel dans un beau format vidéo ?

 

Mais alors, est-ce que cette hyperbole des promesses & des émotions était-elle une nécessité dans le monde actuel pour promouvoir tout expérience ? Est-ce que la frugalité et la simplicité deviennent « tendances » s’ils sont bien mis en lumière…

 

Cette réflexion trouve aussi sa vérité dans le documentaire « Minimalism » que j’ai pu regarder sur Netflix pendant les fêtes. Les Minimalistes, ce sont Joshua Fields Millburn et Ryan Nicodemus, qui tentent de montrer à travers leur blog, leur documentaire, leur talks en ligne, leur livre, etc. que le bonheur ne se résume pas à empiler les choses, à acheter toujours plus de biens pour remplir sa maison… mais tout ça pour remplir quoi au final ?

Ainsi, le titre du documentaire et de leur concept pousse au minimalisme, c’est-à-dire de réduire le nombre de choses que l’on possède pour revenir à l’essentiel. Dans ce sens, le documentaire met en avant les « Tiny House » dont je parlais déjà dans l’article sur l’éphémère afin de ne pas chercher à acheter toujours une maison toujours plus grande et de chercher à la remplir mais plutôt à réduire ses biens pour se concentrer sur l’essentiel en particulier sur les relations humaines, sur la reconnexion à la nature, etc.

 

Mais alors, cette frugalité et ce minimalisme, peuvent-ils être tendance dans le tourisme ? Peut-on imaginer une reconnexion simple à la nature sans pour autant en faire des tonnes, en exagérant les propositions « commerciales » tout en imaginant des solutions positives pour l’économie locale ?

 

Au final, c’est un peu le sens de la mission que je démarre actuellement dans le Vercors afin d’accompagner les élus et les socio-professionnels à imaginer une stratégie de développement touristique qui intègre parfaitement l’ADN du territoire… ADN qui reprend totalement ces enjeux : une reconnexion simple à la nature et à la montagne, des rencontres sincères avec les habitants et une certaine forme de frugalité.

C’est aussi le sens du livre sur le bonheur à la danoise, le Hygge (prononcé Houga) non ? Il « suffirait » alors de pratiquer cette philosophie de vie un peu chez nous et d’offrir cela aux visiteurs d’une destination, non ? Chiche ?

 

Passez de belles fêtes de fin d’année encore!

 

Guillaume Cromer, directeur ID-Tourism