Le 2 septembre dernier, le cabinet ID-Tourism a lancé son premier apéro « Innov’ID » de l’année 2014 qui s’est déroulé dans les locaux de notre partenaire « Des Enjeux et Des Hommes » tout près d’un haut lieu du tourisme, le Musée du Louvre.

Le débat de cette soirée fut le suivant : valeurs et business sont–ils compatibles dans le tourisme ?

C’est donc cette question que nous avons posé auprès d’une vingtaine de personnes présentes travaillant dans le secteur du tourisme. Chef de produits dans le secteur du Tour-operating, responsable de projets à Atout France, professeurs, étudiants ou encore chargée de clientèle dans une conciergerie de luxe sont autant de personnalités et de secteurs d’activités du tourisme qui sont venus débattre avec nous sur ce sujet.

Afin de nourrir le débat, Guillaume CROMER directeur du cabinet ID-Tourism et animateur de la soirée, a commencé par nous démontrer qu’il existe de plus en plus de « success story » autour de ces entreprises qui réussissent à allier objectifs de rentabilité et impacts positifs sur la société humaine comme par exemple Patagonia, Danone Communities ou encore Grameen.

En effet, beaucoup d’entreprises de secteurs divers et variés ont pris le tournant du développement durable et l’intègrent dans leur mode de fonctionnement. Le label « Great place to Work » ou encore l’initiative française « Ticket for Change » qui a pour mission de faire voyager 50 jeunes talents et futurs entrepreneurs aux 4 coins de la France pour découvrir les parties prenantes de notre pays qui actent pour le changement, en sont des exemples éminents.

Le DD a encore du mal à trouver sa mouvance au sein du secteur touristique

Pour autant, en ce qui concerne le secteur du tourisme, cette mouvance vers le changement et la prise en compte du développement durable a encore du mal à prendre un essor important. En effet, autant du côté du consommateur  que du professionnel, on dénote de réelles volontés mais au final très peu d’actes concrets et significatifs afin de diffuser cette idéologie sur l’ensemble des entreprises du tourisme. Pour autant, depuis une dizaine d’années, les cadres normatifs et législatifs pour acter ce changement existent bel et bien !

Les certifications ATR et Travelife qui regroupent des TO engagées en matière de développement durable ; les labels clé verte, Ecolabel européen, Greenglobe pour les hébergements sont autant de cadres qui permettent aux acteurs du tourisme d’implémenter une réelle démarche de développement durable au sein de leurs activités.

Alors pourquoi ? Pourquoi finalement, si tout ceci paraît simple, les acteurs du tourisme ont encore du mal à suivre ce mouvement qui touchent aujourd’hui tous les secteurs de l’économie ? Et surtout quelles solutions peuvent être imaginées pour encourager les acteurs du tourisme à se « verdir » ?

De notre soirée débat,  nous avons pu  faire ressortir 3 catégories d’idées pouvant servir de levier d’actions concrets :

  • Sensibiliser les professionnels du tourisme et les dirigeants en particulier ;
  • Faire évoluer la loi pour imposer des directives sociales et environnementales ;
  • Faire croître le marché du tourisme responsable pour convaincre les professionnels.

La sensibilisation du client, quelles possibilités ?

Dans ce cadre, les études clients nous démontrent une chose essentielle, les clients sont favorables au durable durant leurs voyages mais sont encore peu à passer à l’acte, et particulièrement en France. Pour les professionnels présents dans la salle, la réponse est sans appel ! Le client regarde le rapport qualité prix en premier lieu et l’obtention d’un label ou d’une marque de qualité environnementale n’est pas un critère de choix prioritaire.

Selon eux, les solutions gravitent autour de la construction d’une meilleure stratégie de  communication pour balayer les stéréotypes de ce qu’est le tourisme durable et qui lui mènent la vie dure ! Plus cher, essentiellement dans les pays du Sud, contraignant sont autant de stéréotypes qui collent à la peau des produits de tourisme responsable…

Parmi les idées prédominantes, les professionnels pensent que relancer un événement de grande envergure comme le faisait Voyages-SNCF entre 2007 et 2012, pourrait permettre de mettre en lumière les meilleures initiatives en tourisme durable, et serait un acte fort permettant d’éveiller la curiosité des consommateurs.

Au  niveau de la législation, des possibilités ?

En France,  l’article 225 de la loi grenelle 2 « impose » aux entreprises de plus de 500 salariés d’intégrer au sein de leur rapport annuel l’ensemble des externalités  négatives  qu’entraînent l’activité de l’entreprise sur les enjeux sociaux et environnementaux.

En ce qui concerne le tourisme, soyons francs sur ce sujet, dès que nous avons parlé des possibilités de renforcement de la législation pour obliger les acteurs professionnels du tourisme à appliquer une démarche de développement durable, beaucoup de yeux se sont levés au ciel et beaucoup ont soupiré.

Tout d’abord, les personnes travaillant dans le milieu de l’hôtellerie nous ont clairement exprimé leurs désarrois face à ce type de levier car jugeant le secteur déjà trop englué dans des lois et réglementations mettant en difficulté les opérateurs hôteliers.

Il est vrai que sur ce sujet, si on prend l’exemple de la loi sur l’accessibilité (datant de 2005), nous sommes très loin des résultats escomptés à janvier 2015, pour ne pas dire à des années lumières.

Alors que nous, nous voudrions trouver des solutions pour agir vite et fort !

Et pour le levier économique ?

La demande peut permettre de faire évoluer l’offre… Si, demain, un nombre de croissant de touristes décident de positionner les engagements sociétaux comme un critère important pour le choix de leurs vacances, l’ensemble des professionnels feront évoluer leur pratique.

Par exemple, si le programme Ecoleaders de Tripadvisor attire de plus en plus d’internautes à filtrer  uniquement les offres écologiques des hôtels référencés, cela poussera de nombreux hôteliers à faire un effort significatif dans ce sens !

Mais alors, que faire pour sensibiliser le grand public ? Une grande campagne de promotion et de communication au niveau national, voire européen ? Faire connaître un label unique pour le secteur du tourisme comme le prône les Critères Mondiaux du Tourisme Durable ?

La relance de l’organisation des Trophées du Tourisme Responsable en France pourrait également répondre à ces enjeux en développant en parallèle de la soirée professionnelle une campagne grand public décalée et participative…

Merci à tous, d’avoir participé à ce débat et nous vous invitons à nous rejoindre pour le prochain qui se déroulera le 7 octobre et qui traitera de l’avenir du tourisme urbain.

Cordialement,

Guillaume Cromer et Benjamin Malaterre, ID-Tourism