C’est la rentrée !

Les cartables sont bien remplis. Les enfants ont mis leurs toutes nouvelles fringues et ils se dirigent vers la porte de l’école…

Le supérieur et le tourisme

Dans l’enseignement supérieur, c’est à peu près les mêmes codes que l’on va retrouver dans les semaines à venir. Le moment idéal pour se poser la question de l’enseignement supérieur du tourisme et de la place prise par le tourisme durable.

En université ou en école de commerce, les Masters spécialisés en tourisme ont recruté leur nouvelle promotion et sont prêts à accueillir les étudiants. Depuis une demi-douzaine d’année, les modules dédiés au tourisme durable se sont développés dans la majorité des diplômes. Des licences professionnelles et des Masters se sont même créés sur ce positionnement en intégrant des « Green », des « Eco », des « durable » ou des « Sustainable » dans l’intitulé des diplômes, sans pour autant faire l’unanimité pour l’heure en termes d’emplois…

Mes interventions au sein de ces modules de master

Cela fait quelques années que j’interviens dans différentes écoles sur ces modules dédiés qui peuvent durer entre 9 et 24 heures sur une année.

Des notions pas assez approfondies

Or, aujourd’hui, je me pose la question de la pertinence de ces modules pour une vision efficace des questions de développement durable et de responsabilité sociétale dans le secteur du tourisme. En effet, un module ne permet que de survoler la question du développement durable pour l’ensemble d’un secteur d’activité aussi complexe que celui du tourisme alors qu’il se décline différemment pour les métiers du tour-operating, de l’hébergement ou encore de l’animation touristique sur un territoire. Les cours ne pourront alors que survoler l’historique du tourisme durable en France et dans le monde, la responsabilité sociétale dans les grands groupes hôteliers et les différents programmes de certification et d’évaluation des tour-opérateurs.

Les « cours Tourisme Durable » ne doivent pas être détachés du reste des matières …

En fait, tout comme une entreprise qui va décider de rapprocher le département « développement durable » des départements communication ou partenariats, je pense que c’est une erreur de vouloir détacher les cours de tourisme durable des autres cours plus classiques d’une formation étant donné que le tourisme durable correspond à la question des enjeux du développement durable appliqué à l’ensemble du secteur du tourisme.

… Mais à intégrer aux apprentissages des stratégies et business plan

Ainsi, comme cela existe dans les entreprises ayant intégré une véritable politique de responsabilité sociétale, les enjeux du développement durable sont intiment liés à la stratégie et au business plan de l’entreprise et non pas uniquement un poste créé au sein même d’un service secondaire.

En extrapolant cette réflexion dans le milieu de l’enseignement supérieur du tourisme, il paraît logique de se dire que les questions du développement durable doivent être traduites par une réflexion globale et une véritable politique de responsabilité sociétale au sein de l’école qui va alors intégrer à la fois les enjeux environnementaux, sociaux et économiques auprès de l’ensemble des parties prenantes (staff, professeurs, étudiants, partenaires, populations environnantes, etc.) et donc les traduire dans les faits au sein des différents diplômes proposés.

En développant uniquement un module « tourisme durable » au sein d’un Master « Tourisme », on pourrait comparer ça à un groupe hôtelier qui développe uniquement un hôtel éco-responsable ou à un tour-opérateur qui va proposer un seul séjour engagé…

Du pur greenwashing alors, non?!

En appliquant une stratégie de responsabilité sociétale dans une école et dans un Master ou une Licence « Tourisme », il serait pertinent de pousser les professeurs et intervenants à verdir leur cours classique en intégrant les enjeux du développement durable sur l’évolution des différents métiers. C’est uniquement dans cette vision-là que les étudiants comprendront que le développement durable ne correspond pas à des métiers spécifiques mais bien à une évolution logique des métiers classiques. Par exemple, les cours de communication devront intégrer des points sur la communication responsable, les cours de production devront montrer l’importance de travailler avec une éthique envers les acteurs locaux dans les destinations, idem pour le Yield Management, la gestion de projets touristiques, etc.

Conclusion

Bien entendu, un cours d’introduction pourrait permettre, en début d’année, de poser les bases de ces réflexions et de montrer l’historique du mouvement du tourisme durable afin de bien faire comprendre aux étudiants que les enjeux du développement durable se reflètent dans chaque domaine et dans chaque métier et que ce n’est en aucun cas un secteur en opposition au tourisme « classique ».

Selon moi, c’est uniquement de cette manière que l’on arrivera à faire évoluer le secteur par les futurs professionnels du tourisme et donc cadres de demain des groupes hôteliers, tour-opérateurs ou autre ADT.

Au plaisir de débattre avec vous sur ces enjeux,

Guillaume Cromer, directeur ID-Tourism (suivez moi sur Twitter)