Concours de circonstances depuis quelques semaines. Je travaille, en effet, de manière parallèle sur 3 missions en lien avec le tourisme social et la recherche d’innovation digitale. Ces missions ont aussi des enjeux sociaux et organisationnels et réparties dans différentes régions de France.

En travaillant en direct avec de nombreux hébergements collectifs, j’ai pu me rendre compte que l’image générale
perçue par le grand public n’allait pas forcément de pair avec la réalité. Le potentiel des hébergements collectifs et autres acteurs du tourisme social et solidaire était , par ailleurs, sous-développé surtout au regard des dernières annonces des Airbnb & co.

Château de la Roche à Cerizay (79) membre du réseau des hébergements collectifs en Deux-Sèvres

Le tourisme social & solidaire ?

Oui, vous savez ! C’est ce concept très français qui a pour vocation de favoriser l’accessibilité du tourisme pour tous. Cela permet ainsi de voir le tourisme comme un outil au service du développement personnel, de l’éducation populaire et de l’ouverture sur l’Autre. Sacrément pertinent à l’heure actuelle !

Malheureusement, les acteurs du tourisme social en France se sont longtemps assoupis dans leur développement.
Pour beaucoup, cette assouplissement était par manque de vision stratégique & entrepreneuriale, de compréhension de l’évolution de leurs publics. Assoupissement dû aussi à leur lien direct avec des collectivités locales (ce qui, avouez le, n’aide pas vraiment à être au pied du mur pour innover).

Et si un secteur s’endort trop longtemps, des opportunistes arrivent… Ca a été clairement le cas dans le milieu hôtelier puis celui des auberges de jeunesse et maintenant, petit à petit, dans le monde des séjours de jeunes, classes de découvertes ou autres colonies de vacances.

Et quand on voit le vrai renouveau des auberges de jeunesse dans les villes, on ne peut que penser que le secteur des hébergements collectifs a du potentiel surtout qu’il est porteur de valeurs fortes qui répondent totalement aux enjeux actuels de la société… SlowTravel, Circuits Courts, Retour à la nature, Convivialité, Dimension humaine & Excellent rapport Expérience / Prix…. Mais alors, que manque-t-il ?

Auberge de jeunesse les Piaules à Paris

Premièrement, une vision et un soutien politique fort.

Il faudrait bien entendu un soutien politique de la part des élus locaux, souvent propriétaire des hébergements afin d’y voir des vrais sources de retour sur investissement directs et indirects pour le territoire. Or, pour cela, il faudrait que ces élus aient une vraie compréhension et une vision sur le tourisme, non pas uniquement sociale (et donc de l’accessibilité du voyage pour tous) mais bien plus large, un outil au service de l’attractivité et du développement du
territoire. Au niveau national aussi, le gouvernement aurait tout intérêt à rendre le cadre de soutien et d’investissement beaucoup plus clair & transparent. Les aides potentielles de la DGE ou de la Caisse des dépôts
manquent clairement de clarté à ce jour.

Deuxièmement, la transition digitale & l’innovation.

Les hébergements collectifs ont, pour la plupart, un retard important sur la question de la transition digitale, que ce soit sur les outils  de travail au quotidien ou encore sur les outils de promotion et de commercialisation. Souvent, j’ai l’impression que les réseaux de marque jouent plus un rôle d’OTA pur rendant plutôt les hébergeurs dépendants et les obligeant à déléguer leurs présences web & stratégie webmarketing au réseau (un peu comme Booking au départ…).

Un beau contre-exemple avec le site de la Bastide des Joncas près de Martigues

En fait, toute cette question de la transition digitale est culturelle. Il s’agit pour ces organisations de comprendre que le digital, ce n’est pas simplement un site Internet et une page Facebook mais bien une stratégie intégrée aux objectifs généraux fixés pour l’hébergement (quand il y a une vision & une stratégie), que chaque partie est un outil spécifique.
En fait, c’est une meilleure culture entrepreneuriale qui doit être apportée à la fois aux responsables de structures mais surtout aux élus, souvent propriétaires des bâtiments. Cette culture entrepreneuriale fera en sorte qu’ils comprennent parfaitement la nécessité et la capacité de rentabilité et de retour sur investissement de ces biens.

Troisièmement, la coopération entre les acteurs.

Souvent, les hébergements collectifs sur un territoire se retrouvent dans leur coin, avec peu d’interlocuteurs pour échanger sur leurs problématiques similaires. Même les réseaux des UNAT ont du mal à créer de véritables dynamiques d’échanges et de bonnes pratiques à l’échelon régional.
C’est pour cela que l’on a vu apparaître des réseaux comme l’AJA en Alsace par exemple, assez innovant qui cherche à regrouper hébergements collectifs et sites de visite en se positionnant en réflexion autour des attentes des clients
(oui, je sais que c’est tabou dans le tourisme social, c’est pour vous taquiner). Nous travaillons sur un réseau dans la même veine dans le département des Deux-Sèvres avec 10 hébergeurs motivés pour optimiser au mieux les ressources. Mais aussi améliorer la visibilité en ligne des hébergements pour mieux les remplir tout au long de la saison et créer des moments de rencontres et d’échanges à la fois en ligne et IRL (In Real Life).

Je vous partagerais des informations complémentaires là-dessus mais cette coopération autour de l’innovation frugale des hébergements collectifs est vraiment intéressante ! Comme quoi, l’innovation n’est vraiment pas purement technologique !

Vous avez le projet de construire un hébergement collectif ? Contactez-nous

Guillaume Cromer, directeur ID-Tourism & Président Acteurs du Tourisme Durable (A suivre sur Twitter)