A quand des JO et des Coupes du Monde de foot plus propres, plus équitables, plus responsables ?

La semaine dernière, nous vous parlions des dérives des grands événements sportifs en lien avec le tourisme sexuel impliquant les enfants. Cela nous a décidé de parler de manière plus globale de la responsabilité sociétale de ces grands événements comme les Jeux Olympiques et les Coupes du Monde de Football…

Un événementiel beaucoup trop démesuré …

« Un esprit sain dans un corps sain ». Mais à quand un esprit sain dans un corps sain sur une planète saine ? Lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, les émissions de CO2 dépassaient le million de tonnes. En 2022, date à laquelle doit se dérouler la Coupe du Monde de Football au Qatar. On parle déjà de stades climatisés à 35 milliards de dollars… Des déclarations ahurissantes qui laissent augurer une inquiétante cascade vers la démesure et des impacts environnementaux et sociaux toujours plus importants de ces évènements sportifs. Comment limiter les effets néfastes de ces organisations ? Comment intégrer les enjeux du développement durable et de la responsabilité sociétale à ces événements sportifs ? Quels outils mettre en place pour assurer une bonne utilisation des constructions pendant et après Evènement ? Eléments de réponses dans cet article.

Cas Sotchi : un caprice laissé à l’abandon …

Si je vous dis Sotchi? Un triplé français sur le podium pour l’épreuve de Skicross ou encore les trois médailles de Martin Fourcade me direz-vous. Mais Sotchi c’est aussi un record battu, 37 milliards de dollars et une ville fantôme trois mois après la fin des Jeux… La station balnéaire autrefois vitrine d’une Russie moderne et ouverte n’est aujourd’hui que le miroir d’un caprice laissé à l’abandon.

Norme NF ISO 20121

Intégrer une politique de développement durable dans la construction et l’organisation de ces grands événements sportifs doit englober les dimensions sociales, économiques et environnementales. Le tout est de savoir trouver l’équilibre entre ces dimensions bien que l’importance accordée à l’environnement passe souvent après les deux autres. Pour contrecarrer cette tendance, la norme NF ISO 20121 apparaît comme étant l’antidote pour prévenir les dérives. En effet, publiée en 2012, elle apporte les clés pour concevoir un événement responsable réduisant les impacts auxquels le public est de plus en plus attentif.

Se préparer

Moutain RiderS est une association qui accompagne les éco-évènements pour une gestion raisonnée des ressources. Leurs initiatives sont concrètes : diagnostic personnalisé, aide à la mise en œuvre, suivi de l’évènement. Pour aider les organisateurs et sensibiliser le grand public, Moutain Riders met à disposition un « kit opérationnel éco évènement » (module de tri, bâches de sensibilisation, flyers).

ADERE (Auto Diagnostic Environnemental pour les Responsables d’Evènements) quant à eux propose un diagnostic approfondi de l’évènement passé : évaluation sur plusieurs thématiques et améliorations proposées sont les promesses de cet outil.

Rester respectueux pendant l’évènement

Le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) est à l’initiative de nombreuses actions dans le cadre de différents évènements sportifs internationaux. A l’occasion de la Coupe du Monde de Football de 2010, dans le cadre du programme « Green Goal », le PNUE avait conclu un partenariat avec les organisateurs afin de les aider à mettre en place des projets d’éclairage publics durables dans les six villes hôtes. Consciente de la responsabilité qu’elle porte à travers le monde, la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) s’implique et s’engage sur le long terme à défendre les couleurs de la protection de l’environnement. Désormais, lors des prochaines Coupes du Monde 2018 et 2022, la FIFA a décidé d’inclure des clauses environnementales dans tous ses accords de candidature. Or est-ce suffisant ? Ne serait-il pas également bienvenu d’intégrer des clauses sociales, notamment pour la protection des ouvriers ? Carton rouge pour la FIFA qui semble ignorer les conditions inhumaines dans lesquelles travaillent les ouvriers migrants au Qatar pour la préparation de la Coupe du Monde 2022.

Greenpassport a destination des touristes

En 2010 a également été lancé l’opération « Green Passport » ayant pour objectif principal de conscientiser les touristes à voyager responsable. A l’origine à destination des voyageurs en général, le Green Passport a ainsi été distribué à plus de 100 000 fans de football pour les aider à prendre des décisions plus éco responsables. Vous souhaitez faire du tourisme plus écologique ? Suivez le guide ici.

Comment réutiliser les lieux de l’évènement ?

Si Sotchi est passé de « Dream City » à « Dead City », les prochains évènements sportifs seront-ils eux aussi destinés à l’abandon à l’instar de Pékin ou d’Athènes ?
Je vous invite à lire un article du Figaro qui recueille des témoignages de l’après JO d’Athènes, ici.

Une reconversion possible

Et pourtant, une reconversion des infrastructures est possible. Londres l’a fait. Le Parc Olympique est aujourd’hui devenu un nouveau quartier offrant de multiples services à la population et aux touristes.  Le Village des Athlètes a été transformé en logements, le Centre des Médias en espace dédié aux entreprises et à l’implantation de sièges sociaux. Quant aux Centre Aquatique, celui-ci a ouvert ses portes au public et l’eau non utilisée servira pour l’entretien du bâtiment. Enfin, le Stade Olympique sera désormais occupé par l’équipe de football de West Ham avant d’accueillir les Championnat du Monde d’Athlétisme et 2017 et la Coupe du Monde de Rugby en 2015.

Pourquoi ne pas tendre vers l’éphémère ?

Plus respectueux de l’environnement, moins cher, susceptible d’être démonté aussi vite qu’il a été construit, c’est ce à quoi pourraient ressembler les stades, hôtels et autres installations du futur : en kit. L’opération a déjà été réalisée à Vénissieux (Rhône-Alpes), où les tribunes du Matmut Stadium ont déjà été utilisées lors de la Coupe du Monde de Football en Afrique du Sud. Quant à la société Nussli, elle propose des stades complets construits selon le principe modulaire. Et quand est-il de l’hébergement ? Des initiatives d’hôtels éphémères et démontables commencent à émerger mais de manière trop faible encore…

Un événement partagé de tous

Les clés du succès de ces évènements sportifs résident selon nous dans la coopération entre tous les acteurs qui, ensemble, peuvent garantir la mise en œuvre de ces évènements respectueux de l’environnement. Bonne volonté et tolérance doivent être les maîtres mots des parties prenantes pour continuer d’assurer un important niveau de conscience écologique.

Céline Romero, cabinet ID-Tourism

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