De l’humain dans le digital
C’était il y a moins d’un mois, on m’avait demandé de venir à Aix les Bains fin juin pour participer aux Académies du Tourisme Numérique #ATN2016 sous la signe « Réinjecter de l’humain dans le digital ? ».
Photo Tourmag – i-tourisme
Impliquer les habitants dans la mise en tourisme de leur destination
En tant que spécialiste sur les questions de tourisme durable & des innovations, ça m’allait très bien ! Alors que beaucoup d’intervenants partaient justement du digital pour intégrer de l’Humain, je suis plutôt parti de l’Humain (ça doit être ma fâcheuse manie de m’intéresser aux attentes des clients avant tout !) et de la consommation collaborative pour tenter de voir comment nous pourrions repositionner et impliquer sérieusement l’habitant dans l’animation et la promotion de sa destination (en utilisant le digital forcément !).
Avec un peu de recul, je me dis que l’idée que je présentais n’était vraiment pas débile ! En gros, je reprenais l’exemple du tourisme communautaire que j’avais pu voir, suivre, ou développer dans pas mal de pays en développement comme au Kirghizstan, au Cameroun, au Kenya ou encore en Casamance au Sénégal. Le principe est relativement simple, une organisation villageoise (association ou Groupement d’Intérêt Communautaire) est créée avec les habitants comme membres qui ont tous la capacité d’offrir un service touristique au visiteur de passage. Ainsi, par exemple, au Kirghizstan, on pouvait y retrouver les femmes, propriétaires de leur maison (qui avait des chambres de disponible car les enfants étaient partis faire leurs études à Bishkek), d’autres qui faisaient des objets souvenirs en feutre (tapis traditionnel, chapeau, petits animaux, poche à portable !), les jeunes qui pouvaient guider les voyageurs dans les montagnes à pied ou à cheval, les bergers qui pouvaient accueillir des visiteurs sous une yourte, les propriétaires de chevaux ou de voiture pour les transports, etc. J’ai découvert ainsi ce concept assez extraordinaire en 2006 en passant 6 mois à Kochkor pour mon stage de fin d’études. Une révélation pour moi !
Office de tourisme et habitants
Aujourd’hui, 10 ans après, alors que les critiques sur l’économie collaborative abondent car pris par certaines start-up devenus rapidement des multinationales… Au fond, comme le dis Arthur De Grave dans son article sur OuiShare, le sujet n’est plus la question de l’économie collaborative mais bien du nouveau paradigme qui se dégage autour du salariat et de la freelancisation de notre société !
A la fin de mon stand-up à Aix-les-Bains, je me disais donc que les destinations touristiques pouvaient très bien basculer à un moment sur ce modèle en impliquant tous ces habitants qui sont déjà inscrits sur les plateformes collaboratives comme Airbnb, BedyCasa, Blablacar, Drivy, OuiCar, Vizeat, Hostelp, RendezVouschezNous ou encore WideTrip. Car aujourd’hui, clairement, ces habitants jouent un double jeu et ne sont pas vraiment « utilisés » par les offices de tourisme ou les ADT, non ?
Vers une smart community ?
Dans ce cadre-là, à part des rapprochements ou même des fusions avec les associations locales de Greeters, les hôtes collaboratifs utilisent juste les plateformes et ne se soucient pas plus que ça de leur participation avec les acteurs traditionnels du tourisme comme les offices de tourisme. Je pense même, en m’avançant un peu certes, que ces nouveaux prescripteurs locaux ont une vision assez négative ou old school des acteurs traditionnels.
Il serait donc assez pertinent de faire se rencontrer ces acteurs traditionnels avec leurs habitants capables de participer à l’animation et à la promotion de la destination.
Dans cette vision, je me demande si la constitution d’une société coopérative soit sous la forme d’une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) soit d’une SCAE (Société Coopérative d’Activités et d’Emploi) ne pourrait pas voir le jour en France dans les prochaines années pour impliquer au mieux les habitants de la destination sur le modèle du tourisme communautaire des pays en développement. Et si pour une fois la coopération se faisait du Sud vers le Nord ?
Quel territoire est prêt pour expérimenter une Smart Community ou Communauté Intelligente comme le disait Aude Lenoir à Sherbrooke pendant les #FET5 ?
Guillaume Cromer, directeur ID-Tourism & fédérateur du pôle d’excellence Ecotourisme auprès de M. Matthias Fekl, Secrétaire d’Etat à la Promotion au Tourisme. (Retrouvez moi sur Twitter, Linked In & Instagram)
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