Les nomades numériques ?

Après les télétravailleurs et les coworkers, voici venue l’heure des nomades numériques ! Il s’agit de travailleurs dont les besoins se résument à peu de choses, en somme un ordinateur portable et une connexion Internet haut débit. Leur travail ne demande pas nécessairement de voyager comme les voyageurs d’affaires mais leur activité ne leur impose pas de rester à un poste fixe, il s’agit souvent de travailleurs indépendants. Ils profitent alors de cette flexibilité spatiale pour voyager à travers le monde en surfant sur la vague du Coworkation, contraction de coworking et vacation. A l’heure actuelle, les nomades numériques sont un segment grandissant qu’il ne faut pas négliger dans le monde du tourisme. L’équipe ID-Tourism a alors souhaité se pencher sur la question et mesurer l’impact de ce phénomène dans l’industrie du tourisme.

Quel profil et quelles attentes des clientèles ?

Les travailleurs nomades se retrouvent plus précisément parmi la génération Y. Cela concerne les individus nés entre la fin des années 70 et 90. Le Y renvoie à deux symboles parlants : le premier étant celui de la forme en Y du cable de leurs écouteurs et le second à la prononciation anglaise de la lettre Y comme « Why ? » ; c’est-à-dire une génération connectée qui se pose beaucoup de questions. C’est aussi une génération à la recherche d’un cadre de travail plus flexible que celui proposé par un modèle classique en termes d’horaires et de présence au bureau et davantage en accord avec leurs projets de vie personnels comme par exemple les voyages. De plus, l’heure est de moins en moins aux bureaux individuels mais plutôt aux espaces de coworking où l’on peut échanger avec des personnes issues de filières très diverses mais parfois complémentaires en termes de compétences. Nous assistons à un réel décloisonnement des filières et c’est un véritable atout pour le secteur touristique.

Aux prémices du tourisme, on avait l’habitude d’identifier les pratiques touristiques comme une phase du hors-quotidien. Or, aujourd’hui la limite entre vie quotidienne et pratiques touristiques se fait de plus en plus fine et c’est un point à ne pas négliger pour construire un offre touristique cohérente avec le mode de vie de ses prospects.

Et les professionnels du tourisme dans tout ça ?

Il y a un marché naissant des espaces de coworking internationaux adaptés offrant tout type de services liés au travail, aux échanges, à la restauration et à la détente.

Des espaces de coworking en réseau

Même si les nomades numériques semblent avoir peu de besoin afin de pouvoir travailler dans de bonnes conditions sur le plan fonctionnel, ce marché nécessite des hébergements capables de répondre à ce mode de voyage en termes d’équipement et de connexion. Les espaces de co-working sont déjà à même de répondre à ces attentes mais certains vont plus loin. En effet, certains espaces de coworking s’adaptent au phénomène de coworkation en s’inscrivant au programme collaboratif coworking visa sur la plateforme collaborative Coworking Wiki, ce qui permet aux coworkers actifs de leur espace d’utiliser gratuitement un autre espace du réseau, ailleurs dans le monde durant 3 environ jours. Les termes et conditions varient selon les espaces mais ce réseau est plutôt étendu comme le montre la carte ci-dessus même s’il est plus dense en Europe et en Amérique du Nord.

En termes d’hébergements, les auberges de jeunesse semblent d’ailleurs être un terrain approprié pour accueillir les travailleurs nomades. De plus en plus, ces dernières s’équipent pour recevoir du tourisme d’affaire, mais certaines s’équipent également de salles de coworking pour attirer les nomades numériques comme c’est le cas avec la Cocotera Hostel&coworking à Tarifa  en Espagne.

Quelles perspectives de marché ?

Il est vrai que les destinations héliotropiques ont la côte auprès des nomades numériques. C’est pourquoi on retrouve des prestataires tels que Hubud en Indonésie, ou encore Sundesk au Maroc qui offre à la fois un espace de coworking et un service hébergement. Il existe également des agences qui proposent des séjours complets de coworkation tels que Hacker Paradise.

Les destinations moins ensoleillées ne sont pas en reste. D’après le classement effectué par le réseau de coworking international, Copass, mené chaque année. Paris fait partie du Top 20 des écosystèmes favorables pour le développement de start up. Du haut de sa 11ème place, Paris et ses alentours ont donc une véritable place dans le marché des nomades numériques.

Un exemple phare est le tiers-lieu La Mutinerie Village, situé à moins de deux heures de Paris dans le Parc naturel régional du Perche. Cet espace offre une connexion Wifi, un Fablab équipé en outils de création telles que des imprimantes 3D, un espace de restauration commun, une partie hébergement et un cadre de travail et d’échanges relaxant.

Enfin, comme beaucoup de services, le marché du coworking n’échappe pas à l’économie collaborative. Sur le même principe que Airbnb dans le domaine de l’hébergement, Office Riders est une start-up qui permet de connecter des particuliers ayant un bureau ou un salon disponible pour la location à des coworkers ou nomades numériques.

Il y a donc un véritable marché en développement autour des services et activités de loisirs pour les nomades numériques venus d’ailleurs mais aussi pour les coworkers qui résident sur le territoire et qui sont à l’affut de partages d’expériences et de lieux insolites. Il y a plusieurs avantages à toucher la clientèle cible des nomades numériques. D’abord, il s’agit d’un marché désaisonnalisé qui peut s’étaler sur une année complète sauf exceptions liées aux conditions climatiques défavorables. Ensuite, cette génération ultra-connectée sera votre meilleur atout pour communiquer, à condition bien sûr de leur offrir un service répondant à leurs attentes. Les professionnels du tourisme ont donc un véritable rôle à jouer, encore faut-il pouvoir construire un produit adapté à cette clientèle-cible pour les capter avec une offre attrayante.

Isabelle Rohan, consultante ID-Tourism (Suivez-moi)

Envie d’en discuter ? Engageons une discussion !