Voilà, les premiers hôtels éphémères ont ouvert leurs « portes » sur les Quais de la Garonne à Bordeaux.

Ça faisait longtemps que je les attendais au fond. J’imaginais depuis quelques temps pouvoir réserver une expérience vraiment unique dans un lieu de pleine nature, comme une surprise, comme un étonnement. Et qu’au final, on pourrait se sentir totalement privilégié d’avoir pu vivre ce moment, presque cette sérendipité.

Ca me fait aussi penser à cette campagne de promotion, pour le Québec ou le Canada je crois, où l’on déplaçait des sortes de Tiny House en hélicoptère et on voyait ce couple se réveiller dans un autre lieu exceptionnel, expérientiel, transformationnel….

 

Or, en y réfléchissant un peu, ne pourrait-on parler d’une vraie tendance plus globale à l’éphémère, au pop-up ? Snapchat ? Les messageries instantanées ? Les relations amoureuses ? Les lives sur les réseaux sociaux ? La multiplicité des courts séjours mais aussi dans le boulot avec les slasheurs…

 

Finally, are we collecting only moments?

 

En faisant quelques recherches en ligne, je retrouve cet article de 2009 sur la tendance éphémère sur le site de Veille Info Tourisme Canada. 2009 !!!

Mais alors, est-ce simplement la tendance sur mobile qui pousse à remettre au goût du jour cette tendance de l’éphémère ?! C’est assez curieux de voir qu’au moment où de nombreux phénomènes sont liés à l’éphémère hors du secteur du tourisme, c’est à ce moment que l’on voit enfin apparaître ces premières chambres d’hôtel du groupe Accorhotels. Peut-être qu’il a fallu un peu de temps aux équipes d’ingénieurs pour lancer une réelle faisabilité du projet et c’est bien sûr à travers la puissance marketing d’un grand groupe que l’on entend enfin parler de ce genre de projet alors qu’il y a eu sûrement de nombreuses petites initiatives qui ont tenté de se lancer ces dernières années.

Le groupe hôtelier n’a pas non plus complètement inventé le concept bien sûr. Scandic s’était déjà lancé dans le projet avec le programme ScandicToGo présenté dans cet article de Veille Info Tourisme Canada.

Quand j’ai remis la feuille de route du Pôle d’Excellence en écotourisme à l’ex-Secrétaire d’Etat au tourisme, M. Fekl, en septembre 2015, nous avions justement mis en évidence l’importance de travailler sur la dimension juridique des hébergements éphémères surtout sur les grands itinéraires à pied & à vélo en France. Selon nous, c’était très important d’intégrer ce genre d’hébergements afin d’éviter les ruptures de charge des expériences pour l’itinérant.

 

Or, au fond, a-t-on vraiment basculé dans un monde de moments éphémères ? L’étude lancé par Microsoft auprès de 2000 Canadiens va clairement dans ce sens. Le verdict était presque affolant… « les jeunes d’aujourd’hui accordent en moyenne 8 secondes à chaque nouvelle information, contre 12 secondes en 2000, pour juger de sa pertinence. A titre de comparaison, Microsoft rappelle qu’un poisson rouge peut rester concentré jusqu’à 9 secondes… »

 

Pour autant, ce papier des Echos en janvier dernier parlait justement d’une convergence de 2 tendances qui transforment le marketing digital, c’est-à-dire le mix entre le temps réel et l’éphémère, qui se traduit par le live !

Oui, les publics sont friands de suivre en direct les dernières actualités, intéressantes ou non. FOMO… Fear Of Missing Out dit-on. L’éphémère dans le tourisme sera aussi dans la rareté. Il ne faudra rarement ce moment précis pour vivre une expérience extra-ordinaire et ainsi avoir la chance de se réveiller au beau milieu des bois pendant la période du brâme du Cerf, à proximité des chutes Victoria ou carrément au bois milieu des Champs-Elysées la veille d’une journée sans voiture à Paris…

 

L’éphémère appelle donc à la rareté et donc à l’attractivité. Beaucoup de destinations rêvent d’attirer des voyageurs dans ce sens pour leur offrir une véritable expérience unique. Accorhotels a ouvert peut-être une belle brèche…

 

Guillaume CROMER, directeur ID-Tourism