Notre super équipe 100% féminine au Raid Hannibal 2019

Chez ID Tourism, on aime beaucoup les challenges intellectuels, mais on aime aussi beaucoup les challenges sportifs. Et cette année on s’est donné à fond ! Pour Guillaume, c’était 100km de randonnée dans le Morvan mi-mai dans le cadre de l’Oxfam Trail. Pour moi, un raid multisport itinérant de 160km et 9500m de D+ sur 4 jours organisé par l’association étudiante Raid Hannibal de l’école de commerce de Lyon.

Tout au long du parcours de ce fameux Raid, on était hébergé dans des campings, et le soir du J3 j’ai remarqué que certains coureurs étaient allés boire un verre au bar de l’établissement. Ca m’a fait réaliser le potentiel que pouvait représenter un événement comme celui-ci : 40 équipes de 5 personnes minimum… soit plus de 200 coureurs… qui toutes les nuits dorment en camping et consomment potentiellement sur place… ce n’est pas négligeable en termes de retombées économiques sur le territoire ! Et je suis convaincue qu’avec le développement que connait la pratique du trail aujourd’hui il y a un vrai intérêt de la part des territoires à se positionner sur le sujet.

Un engouement croissant pour le trail

Depuis quelques années on assiste à un développement sans précédent de la pratique du trail, cette forme de course à pied pratiquée en milieu naturel, généralement sur des sentiers en forêt ou en montagne et impliquant un minimum de dénivelé.

Selon les études, on estime qu’environ 1 million de personne pratiquent le trail en France (étude Ministère des Sports 2016). A l’inverse, les quelques études sorties sur le sujet autour des années 2010 parlent plutôt de 300 000 pratiquants… soit une multiplication par 3 en 6 ans ! Données tout aussi parlantes, les chiffres d’évolution de l’activité des équipementiers dédiés au trail : on estime que le marché du trail serait en croissance de 5 à 10% par an depuis 10 ans, pour atteindre aujourd’hui environ 55 millions d’€. Comme d’habitude les réseaux sociaux sont aussi un bel indicateur de tendance. Quand on voit que les traileurs François D’Haene (France) et Kilian Jornet (Espagne) comptent respectivement 113 000 et 785 000 abonnés sur Instagram, mais surtout que ces chiffres ont fait un bon de 45 à 65% depuis avril 2018…

Alors d’où vient cet engouement soudain ? Quand on analyse cette évolution à la lumière de certaines des tendances actuelles dans le tourisme (besoin de reconnexion avec la nature, de dépassement de soi, recherche d’échange et de partage…) ça colle plutôt bien ! En tant que traileuse amateur je me retrouve complètement là-dedans, et c’est ce qu’on entend aussi beaucoup quand on demande aux pratiquants les raisons pour lesquelles ils font du trail : les grands espaces, la beauté des paysages, le challenge physique, l’ambiance chaleureuse et le partage pendant les compétitions ou à la fin d’un run…

Quand on couple ça avec le besoin limité d’équipement pour pratiquer, on comprend vite pourquoi ça s’est autant développé ! Evidemment la tendance s’accentuant, les événements et compétitions liées au trail se sont aussi fait de plus en plus nombreux. Selon le site spécialisé u-trail, on comptait en 2015 800 courses organisées en France. Aujourd’hui on en compterait 2 500 ! Et si on prend l’exemple du seul UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc), on voit que le nombre de participant est passé de 700 lors de la 1ère édition en 2003 à environ 10 000 aujourd’hui !

Un véritable impact sur les territoires

Grand Trail des Pyrénées, photo prise par akunamatata

Tous ces coureurs il faut les loger et les nourrir avant, voire après l’événement. Potentiellement héberger aussi leurs supporters… et tout ça au profit des hébergements, des restaurants et autres commerces du territoire ! On estime ainsi que l’UTMB représente une dizaine de millions d’euros de retombées touristiques dans la Vallée du Mont Blanc. L’événement, organisé chaque année fin août, représente donc un vrai impact en termes de développement économique du territoire.

De plus en plus d’événements sont par ailleurs organisés sur les ailes de saison, comme c’est le cas de l’Oxfam Trail qu’a réalisé Guillaume mi-mai dans le Morvan (environ 1160 participants + 900 supporters) ou le Grand Trail du Lac que j’ai pu faire il y a quelques années en octobre autour du Lac du Bourget en Savoie (environ 900 participants). L’impact économique et touristique est ici d’autant plus intéressant qu’il arrive sur des périodes où les territoires attirent moins de touristes. Pour les stations de ski, cela peut même représenter un levier intéressant pour faire pivoter leur modèle touristique !

En plus des retombées économiques directes, ces événements représentent aussi un vrai impact en termes d’image. Les coureurs et supporters, qui découvrent potentiellement un coin qu’ils ne connaissaient pas (ça a été mon cas quasiment à chaque fois), pourront être amenés à y revenir pour leurs vacances ou à le conseiller à des amis. Pendant l’événement, ils représentent par ailleurs de très bons ambassadeurs du territoire via les photos qu’ils postent sur les réseaux sociaux. Impact évidemment décuplé pour certains événements de grande envergure, qui accueillent des stars du trail (type Killian Jornet ou François d’Haene cités plus haut) suivies par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux. On parle d’ailleurs plus en détails de ce dernier point dans un de nos ID Talks.

L’exemple Station de Trail – Entretien avec Benoit Laval

Page d’accueil du site Station de Trail

Au-delà de ces grands événements, la pratique du trail comme loisirs a aussi créé un vivier de nouvelles clientèles potentielles de week-end pour les territoires. En randonnée le week-end dernier en Chartreuse, j’ai d’ailleurs croisé énormément de traileurs !

La Chartreuse, c’est justement là où a commencé le projet Station de Trail.

A l’origine de ce projet, Benoit Laval, avec qui j’ai eu la chance d’échanger récemment dans le cadre de l’écriture de cet article. Grand fan et pratiquant de course à pieds depuis l’âge de 10 ans, Benoit a fait de sa passion un métier en montant RaidLight, une marque spécialisée dans les équipements liés au trail. Avec des produits légers et ergonomiques, la marque a petit à petit conquis son public avec toujours comme objectif de faire participer les consommateurs au développement des produits. Le premier bâtiment construit à Saint-Pierre-de-Chartreuse pour l’entreprise incluait ainsi des douches, vestiaires et tapis roulants pour que les consommateurs testent les produits et puisse faire leurs retours. Mais les fondateurs voulaient aller encore plus loin… en proposant carrément un parcours de trail en extérieur sur les chemins autour de l’entreprise !

C’est à partir de là qu’est né le concept de Station de Trail. L’idée : développer une plateforme web proposant des itinéraires de trail balisés dans les Stations de Trail répertoriées, les principaux événements trails du territoire, des stages et ateliers dédiés, mais aussi toutes les informations nécessaires pour séjourner sur le territoire (hébergements, activités touristiques, contact de l’Office de Tourisme…). Avec toujours un aspect collaboratif, entre partage d’avis et de chronos des traileurs sur les itinéraires testés.

Le PNR de la Chartreuse a été le premier territoire à s’associer au projet. En combinant le réseau et la connaissance du trail et des traileurs de RaidLight à la connaissance du territoire local et du tissu touristique des acteurs de la Chartreuse, le concept Station de Trail a permis d’accueillir 15 000 pratiquants de trail/an en Chartreuse et de créer 3 emplois dédiés. Sur un total de 150 000 randonneurs/an en Chartreuse on parle quand même de 10% du flux ! Aujourd’hui le réseau regroupe une trentaine de stations en France et en Europe, ce qui permet d’avoir un véritable effet réseau : un traileur qui est allé découvrir une station de trail en Chartreuse pourra aussi voir sur le site toutes les autres stations de trail existantes et ainsi prévoir un prochain séjour. Avec de vrais impacts positifs en termes d’image et de consommation touristique pour les territoires qui accueillent !

De l’importance de sensibiliser

Charte Eco-Trailer sur le site du Challenge Haute Ardenne du Trail (CHAT)

Bien sûr tout n’est pas tout rose et comme dans chaque pratique il y a des abus (déchets type emballages de gels énergisants ou barres de céréales jetées en pleine nature, non-respect des troupeaux…). Et comme souvent les solutions sont de 2 types :

  • Concerter et impliquer l’ensemble des acteurs concernés (prestataires touristiques, agriculteurs, bergers, habitants et autres acteurs du territoire)
  • Sensibiliser les visiteurs

Un vrai avantage dans le fait d’organiser et structurer la pratique du trail sur son territoire (via l’organisation d’un événement et/ou via le développement d’une station de trail) et que l’on peut justement orienter les flux de visiteurs et optimiser la communication auprès des pratiquants, notamment à partir des besoins et contraintes de chaque partie prenante.

  • Orientation : Avec le balisage d’une compétition ou d’un itinéraire station de trail (disponible aussi en trace GPS sur le site), on peut choisir les chemins qui sont adaptés pour les traileurs et qui éviteront les conflits d’usage
  • Communication : on peut par ailleurs sensibiliser les pratiquants et leur transmettre les valeurs de respect du territoire d’accueil et d’écoresponsabilité via une communication à grande échelle. C’est par exemple l’objectif de la Trail Runner Foundation ou plus localement sur des courses comme le CHAT (Challenge Haute Ardenne de Trail) ou le Trail du Muguet.

L’important, comme toujours et comme le faisait justement remarquer Benoit, étant de trouver un « équilibre », entre développement économique local, plaisir des traileurs et préservation de la richesse naturelle du territoire. Un vrai potentiel donc, selon moi, dans ce développement de la pratique du trail pour l’attractivité et le développement économique et touristique des destinations françaises !

 

Sophie Rosso