Il n’y a rien à redire, l’hiver 2017-2018 jusqu’ici nous gâte, depuis Décembre c’est pratiquement toutes les semaines que nos stations de ski des Alpes ont eu le droit à quelques centimètres voire quelques mètres de neige. Du côté des Pyrénées elle est aussi au rendez-vous ! On se souviendra aussi de l’hiver 2018 pour ses chutes de neige dans l’Est de la France et dans la région parisienne qui a fait le bonheur de certains, qui ont pu chausser leurs skis dans les rues de Montmartre ou qui ont fait de la luge aux Buttes Chaumont.

La Cour des Comptes épingle l’engagement des stations

Et pourtant, comme on a pu le constater ces dernières années, la neige est une ressource qui se raréfie à vue d’œil. Les premiers à subir les conséquences de ce manque de neige sont les stations de sports d’hiver et particulièrement celles de moyenne et basse altitude. Dans son rapport annuel sorti en Février 2018, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme et constate que les stations de ski Rhônalpines ont que peu entendu leurs recommandations déjà émises en 2011 pour aller vers un modèle de développement durable.

Au contraire, ces dernières n’ont cessé et ne cessent d’investir dans des enneigeurs toujours plus performants. Des aides financières, allouées par la régions Auvergne-Rhône-Alpes, vont aussi dans cette logique de solution à court terme et critiquable sur le point de vue environnemental. (Et si le soutien financier allait surtout à anticiper les changements en misant sur l’humain plutôt que sur la techno?)

Mais dans quel but? Assoiffer les populations locales pour pouvoir skier ?  Bastamag s’est penché sur la question dans son article « boire de l’eau ou skier faudra-t-il bientôt choisir? » en mettant en évidence la problématique de la consommation de l’eau des enneigeurs.

 

Repenser le modèle de nos stations des skis est l’affaire de tous

Un problème de gouvernance et de gestion des stations est probablement une des réponses à cette vision de développement qui ne prend trop peu en compte les enjeux environnementaux actuels pourtant bien réels. « Dans les Alpes, le réchauffement des températures, estimé entre 1,6°C et 2,2°C depuis 1950, s’est accéléré depuis la fin des années 80, entraînant la fonte des glaciers et la diminution de l’enneigement au sol – 25 jours de moins par an, en moyenne. » Bastamag

Alors que les stations de ski subissent déjà les conséquences du réchauffement climatique jusqu’à mettre la clé sous la porte pour certaine, on a encore l’impression qu’il y a peu de réflexion autour de l’avenir de ces dernières. Ne serait-il donc pas judicieux de réaliser un travail collaboratif entre les différentes parties prenantes des stations voire, plus largement, de toutes les stations, pour aller vers une vraie transition (un pivot comme on dit dans le monde des start-ups) pour s’adapter au réchauffement climatique & réduire les émissions de gaz à effet de serre?

Elus locaux, remontées mécaniques, office de tourisme, socio-professionnels, agriculteurs, habitants, etc. Parmi toutes ces parties prenantes, la question de la gouvernance devrait être remise à plat afin de mieux intégrer les changements & ainsi pouvoir pivoter, non?

 

De mon point de vue, seule une vraie dynamique globale de développement durable des espaces de montagne, réfléchie et mise en place par les acteurs du territoire, pourra sauver les stations de ski et particulièrement celles de moyenne et basse altitude. Il faut donc repenser le projet de territoire de manière globale en pensant territoire de montagne et non pas uniquement station de ski. Les stations de ski pourront toujours continuer à développer des offres mais en intégrant les principes de développement durable (réduire les impacts négatifs sur l’environnement, favoriser un retour économique pour les locaux, impliquer réellement toutes les parties prenantes) en s’adaptant aux contraintes extérieures (donc les impacts climatiques) comme toute entreprise réactive… Mais ces dernières devront s’intégrer dans un projet de territoire plus global dont les élus et les habitants doivent être les garants! Souhaite-t-on des terrains de jeux pour des touristes fortunés ou des urbains de proximité excursionnistes ou des territoires qui vivent toute l’année pour ses habitants (historiques et néo-ruraux), ses entreprises locales & ses visiteurs?

 

Et pourtant une vision commune d’une montagne appréciée à sa juste valeur  

En Novembre 2017 à l’initiative d’IsèreTourisme une cinquantaine d’acteurs de la montagne de tous les horizons se sont rassemblés autour d’une table ronde pour faire part de leur vision des stations en 2030 les résultats seront présentés au salon Mountain Planet en Avril prochain. L’association de protection de la montagne Mountain Wilderness nous donne un premier aperçu de ce qui s’y est dit dans  un article .  L’association constate que « pour l’ensemble des acteurs présents, la montagne du futur est la montagne défendue par Mountain Wilderness, où les liens entre la nature et l’Homme sont resserrés, et où l’émotion et la contemplation prennent le pas sur la consommation. Les idées dominantes sont celles du ressourcement, du bien-être, de l’expérience de la montagne, de l’accès à la nature, des pratiques innovantes. S’ajoutent également de nombreuses réflexions sur la décarbonation de nos activités et notamment la mobilité douce. Les voitures ont disparu des stations… ».

Réinventons nos stations de montagne

« Une montagne à vivre », c’est l’idée vers laquelle tend Mountain Wilderness pour concilier tourisme, habitants locaux et respect de la nature. Il s’agit de soutenir et de redonner un rôle aux populations locales en mettant l’humain au cœur de la montagne pour maintenir une identité et un positionnement partagé par ceux qui voudront la découvrir. Il faut repenser les stations en réel lieu de vie et non pas en stations dortoirs pour sports d’hiver. Mobilité propre, mise en valeur et soutien de l’artisanat et agriculture locale, services publics, hébergements accessibles financièrement et respectueux de l’environnement et éducation font partie des variables sur lesquelles doivent se pencher les collectivités locales pour aller vers un développement durable et transformer leurs stations.

 

Besoin d’aide pour repenser votre territoire de montagne ? Contactez-nous

 

Maëlle Nègre, ID-Tourism