Le tourisme durable ne déplace pas les foules

François-Xavier Izenic, dans l’ouverture de la conférence « Développement Durable : une source d’économies », a bien exposé la problématique. « Le développement durable n’a jamais réussi à déplacer les foules sur le salon IFTM Top Resa ». Justement, ce constat nous avait poussés à prendre un angle beaucoup plus économique qu’éthique cette année. Dans la salle de l’Agora, quelques trente personnes étaient néanmoins venues ce mardi pour écouter Richard Soubielle (SNAV), Serge Laurens (Transat France) et moi-même autour de ce sujet du tourisme durable. Cathy Bou (ex Thomas Cook), bloquée au Congo sur une mission, m’avait laissé quelques chiffres clés pertinents de son travail au sein du groupe sur ces enjeux du développement durable et de la réduction des charges (- 600 000€ en 2 ans…).

Une différence de taille

De mon point de vue, cette conférence a montré un autre visage que l’ensemble des événements auxquels j’ai pu participer ces dernières années sur ce thème. Nous avons parlé « entreprise », « business », « marketing », « ROI » et non pas uniquement éthique et tourisme solidaire. Je ne suis pas contre ces questions mais je pense qu’il est primordial aujourd’hui de repenser les débats et d’adapter les discours pour que les chefs d’entreprises, les dirigeants, les actionnaires des entreprises touristiques comprennent que le développement durable n’est pas simplement une lubie de certaines petites associations mais bien un enjeu stratégique pour la performance de l’entreprise ! Pour ceux qui sont encore sceptiques, je vous invite à lire le dossier « La Frontière de la performance : comment innover pour une stratégie durable » par Robert G. Eccles & George Serafeim dans le dernier numéro français du magazine Harvard Business Review paru il y a quelques jours.

IFTM devrait plus largement prendre en compte les questions du tourisme durable

Dans ce même article, il est bien mis en évidence l’importance du courage des dirigeants pour intégrer les enjeux du développement durable dans leur entreprise tout en permettant que cet engagement devienne un levier de performance pour l’entreprise.

Mais sérieusement, ce n’est pas en organisant une seule conférence sur le développement durable que le salon IFTM Top Resa montrera du courage sur ces enjeux ! A ce jour avec un programme non finalisé, le salon WTM à Londres annonce plus de 15 rendez-vous sur cette question du tourisme responsable !

Bien entendu, nous avons tenté de débattre avec le SETO, ATR, Nomade Aventure ou encore Transat et Travelife Hotel le vendredi après-midi mais ce n’était pas un moment prioritaire pour les visiteurs et les professionnels. C’était plus le moment de laisser derrière eux les brochures non distribuées !

Alors voilà mon rêve pour le salon IFTM Top Resa en 2015 !

Je rêve d’un salon qui intègre dans sa stratégie, dès le départ, une véritable politique de développement durable afin de se poser les bonnes questions sur ces impacts environnementaux (Energie, Eau, Déchets, Consommations, etc.), sur le choix des fournisseurs en intégrant des critères de développement durable dans les appels d’offre, sur la programmation des animations tout au long du salon en organisant des animations, sur la satisfaction des salariés et de tous les prestataires. Toutes ces actions pour montrer que le tourisme durable, ce n’est pas un marché de niche mais bien une question de qualité, d’expérience client, de responsabilité des destinations et des professionnels.

Je rêve d’un salon qui calcule son bilan carbone, qui tente de le réduire d’année en année en trouvant des idées innovantes que d’autres salons reprendront.

Je rêve d’un salon qui tente de se mettre en conformité avec la norme 20121 pour un événementiel durable.

Je rêve d’un salon qui souhaite mettre en avant les professionnels les plus engagés afin de montrer à tous les visiteurs et les participants que les enjeux du développement durable ne sont pas juste l’affaire des petits mais bien de l’ensemble du secteur : hébergeurs, producteurs, distributeurs, destinations, transporteurs, etc.

Je rêve d’un salon où une journée entière est consacrée aux enjeux du développement durable avec des animations, des actions de sensibilisation, des remises de prix, des conférences et débats, etc.

Je rêve d’organisateurs courageux qui décident de comprendre leur responsabilité sur ces enjeux à travers leur influence possible!

Au plaisir d’échanger,

Guillaume Cromer, directeur ID-Tourism (suivez moi)